En souvenir de l'histoire de
plusieurs générations
aussi nombreuses soient-elles comme
les grains de sable ou comme autant
en emporte le vent, je dédis
mon oeuvre à mon amie
Nadia Bradely......
Le poète d'automne, l'auteur de cette chute des feuilles que je ne me lassait pas d'admirer, tel un palais peint d'or, de pourpre, de
violet, le bois dressé au dessus de la clairière, sa muraille riante et tachetée, qui n'est pas moins la plus brillante apothéose de toute une époque en poésie, chacun de ses vers libérait un chapelet
d'idées chères _ toutes au coeur humaniste. Tel un veuf esseulé, l'automne pénètre en sa demeure colorée...lentement le croissant monte vers le ciel, il raccourcis les ombres et met un voile transparent sur la forêt et le
voilà, qui du haut des cieux embrumés me regarde droit dans les yeux.... Tel un palais peint d'or, de pourpre, de violet le bois dressé au dessus de la clairière sa muraille riante et tachetée...la lune embrumée monte comme un fantôme au-dessus des pins, drapé dans sa cape
d'hermine, le visage pâle et pur, l'automne vient sur le pas de sa porte saluer son dernier jour dans la forêt. Des palais de glace illuminaient le ciel bleu de cristal et d'argent, dans la nuit blanche de leur éclat, brillant des lumières des voûtes célestes, le bouclier étoilé du sagittaire, à l'heure
oû flambe, dans le silence, l'incendie glacé, l'éblouissement de l'aurore boréale.
J'étais sidéré, le tout simple mystère de la poésie que jusqu’à présent m'échappait et
me vouait au desepoir, venait soudain de m'être révélé. depuis longtemps déjà, j'avais compris, confessant, même , il est vrai que savoir faire des vers, on n'est pas encore prêt à être poète, l'aisance de la vérification
ne me leurrait plus, la figure du poème si différente de la prose, avec sa quatraine, avec l'élégance spéciale de la typographie, avec ses points de suspension et autres réaffirment quoique
qu’éxcercait toujours sur moi un pouvoir hypnotique, commençait à m'agacer parfois, l'idée ridicule m'étais venue de répertorié dans un vulgaire cahier d'écolier, toutes les paires de
rimes imaginables, puis d'apprendre par coeur, comme la table de multiplication, toutes les métriques existantes, lambes, amphibraques, ce qui, somme toutes, n'étaient pas tellement difficiles à comprendre, et hop là..:
fouette cocher.
Quant à la terreur des poèmes elle est universellement connue et à la portée de toutes les intelligences.
Rêves, tendresses, mélancolie, angoisse, arrosant le jardin au clair de lune, rivière, passion, fleur d'automne, printemps, hivers, plus rarement l'été, baisers enflammés, nuit,
aube, crepescule, plus rarement midi, coeur infidèle, aussi destin, adversité.... le reste à l'avenant, et bien entendu, mers, océans, vagues écumantes, golfes tempêtes.... mais en général une
baie ? Pourquoi pas ? Mais une baie en général, pas la vrai baie, mais celle qui est dans les livres et qui ne fait pas naître dans l'esprit une image tant soit peu précise.
Il faut écrire des vers tous les jours, de même que le violoniste ou le pianiste doit travailler son instrument plusieurs fois chaque
jour sans faute, autrement votre savoir finira par se trôler, par se desecché comme un puits d'oû l'on ne tire plus d'eau depuis longtemps, mais sur quoi écrire ? Sur une fleur ? Sur les fourmis éternelles sans
signification si éphémère, qui cherchent instinctivement dans l'univers immense et inconnaissable, le corps de la fleur en décomposition, comment l'appelle-t-on ? maintenant, je sais alors, je l'ignorait, j'ai remarqué que la vue d'un objet est triplement obsédante si vous n'en connaissez pas le nom, donner des noms aux choses, il n'y a peut- être que cela qui
distingue l'homme de tous les êtres vivants, seulement je ne dispose pas d'une réserve de mots suffisante pour nommer les millions d'êtres, de nations et de choses qui m'environnent, c'est une torture, plus terrible encore,
assurément que celle que subit l'objet dépouillé de son nom, son existence est dévalorisée. Des nuées d'objets sans nom souffrent le martyre autour de moi et me martyrisent en me faisant comprendre que je ne suis pas un dieu, les choses de l'éternité, comme les figurines d'or, toutes neuves des bouddhas non encore
encaissées dans les recoins d'ombre des temples, au milieu des pierres surchauffées sous le ciel oû ils respirent la fumée expiatrice des plantes brûlées, le parfum des pavots jaunes de l'absinthe, les bouddhas
se ressemblent tous et leur longs sourires n'expriment aucune idée, ils attendent leur incarnation, qui ne peut s'accepter que lorsque surgira au monde une nation absolument nouvelle exigeant d'être exprimée
plastiquement...couleur rouge, Bouddhas, juges d'or des sacrifices…….
Un croissant de lune effilé guindaillait par la fenêtre, quand des nuages le masquairent, la salle paraissait humide et
inacceuillante, une sourde rumeur parvenait de loin, elle s'amplifiait lentement, se changeait en un grondement distinct et décroissant peu à peu..... Drôle de chose que la vie, tant qu'elle ne vous a pas coincé on n’y pense jamais, on vit le jour le jour...on se rejouait de toucher sa paye, on boit pour être gai, on a le cafard après
s'être chamaillé avec sa femme, on gaspille sa vie tant qu'on peut...elle est pourtant sans prix, mais nous le reconnaissons trop tard , c'est comme pour l'âme qui va prendre l'express tant qu'il n'est pas parti, on bavarde de ceci
et de cela, mais quand le train a démarré quand la voiture de queue a disparu, on s'avise qu'on a oublier de dire l'essentiel, trop tard un dernier coup de sifflet et adieu......on reste avec la chanson ; et j'entend sifflet le train,
j'entendrais sifflet ce train toute ma vie.......!